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Projection + rencontre autour des films de Catarina Simão

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Projection, rencontre et discussion autour du travail cinématographique de Catarina Simão en regard de l’œuvre de Sarah Maldoror (Angola, Cap Vert, Guinée Bissau) en lien avec les luttes d’indépendance en Afrique lusophone.

PROGRAMME

16h30 : Masterclass « Les images du changement : promesses et trahisons » par Catarina Simão, artiste et chercheuse, en discussion avec Chloé Buire, chercheuse CNRS au LAM (Les Afriques dans le monde).
Gratuit sur inscription : reservation@frac-meca.fr

Dans les années 60, alors que les prémisses d’une guerre d’indépendance contre le colon portugais se font déjà sentir, Eduardo Mondlane (premier président du Front de Libération du Mozambique, FRELIMO) et son épouse américaine, Janet Mondlane, imaginent un institut en exil pour former une nouvelle génération de Mozambicains et de Mozambicaines. C’est en Tanzanie que le Mozambique Institute mettra en place un nouveau système pédagogique, en rupture avec le système colonial portugais. Les images qui documentent le quotidien de cette école anticoloniale appartiennent au général et ancien combattant de la lutte de libération nationale, Jacinto Veloso, devenu un important dirigeant du parti Frelimo à l’indépendance en 1975. Veloso était pilote de l’armée portugaise quand, en 1963, il a déserté, affrétant l’avion où il partait en mission pour rejoindre le FRELIMO en Tanzanie. Après plusieurs épisodes dérivés de son acte radical, Veloso retourne à Dar es Salaam en 1966, en apportant avec lui une caméra Super 8. Il devient professeur au Mozambique Institute et commence à filmer de manière expérimentale.

En 2014, l’artiste portugaise Catarina Simão a d’abord utilisé les séquences Super 8 de Veloso pour ses recherches, en identifiant les étudiants et les enseignants qui apparaissaient sur les images, devenus, dans le temps, des protagonistes de l’histoire du Mozambique indépendant. Mais à mesure de son enquête, l’artiste a progressivement renversé la manière dont elle utilisait initialement ces images. D’images témoins renvoyant à une simple mémoire biographique, elles sont devenues des clés de lecture pour comprendre le projet émancipateur du FRELIMO, dans ses utopies mais aussi dans ses échecs.

La Masterclass « Les images du changement : promesses et trahisons » revient sur cette enquête filmique pour interroger l’histoire des luttes de Libération et le rôle joué par les archives visuelles dans sa construction. Elle s’adresse à celles et ceux qui s’intéressent à la réception sociale des archives et aux processus de décolonisation en Afrique australe et au-delà.

18h30 : projection de deux films suivie d’un échange avec Catarina Simão (artiste et chercheuse), Olivier Hadouchi (historien du cinéma), Cédric Fauq (commissaire en chef des expositions, CAPC musée) et Anne Bonnin, commissaire de l’exposition Les Péninsules démarrées
Tarif d’entrée libre (2€ minimum)
, gratuit pour les -18 ans et les porteurs de la Carte Jeune. 

 

Catarina Simão, The Effects of wording (2014)

Réalisé en 2014, le film Effects of Wording raconte les débuts d’une pédagogie radicale au Mozambique, suit des recherches dans les archives aux États-Unis, aux Pays-Bas et au Mozambique, recueille des témoignages oraux et inscrit la praxis des campagnes d’alphabétisation dans le cadre de la pédagogie radicale de Paulo Freire. Il combine des extraits de films d’archives et de photographies de la Lutte avec d’autres images moins médiatisées qui n’ont jamais été utilisées dans la propagande du Mouvement.

Sarah Maldoror, Monangambé

Sur une bande sonore de jazz provenant de l’Art Ensemble of Chicago, ce film dénonce les crimes commis par les Portugais en Angola. On y voit la torture d’un prisonnier causée par l’ignorance du colonisateur. Chanson dont la signification est « Mort blanche », Monangambée est un cri de ralliement contre les exactions coloniales en Angola.

 

tarif : gratuit

Catarina Simão est une cinéaste, artiste et chercheuse portugaise. Depuis 2009, elle entretient une relation forte avec le Mozambique, s'impliquant notamment dans des projets liés à la lutte pour la mémoire historique. Fortement influencée par les récits de l'histoire, son travail récupère des sources iconographiques-documentaires sur des épisodes, des formes et des gestes qui font partie de l'histoire contemporaine du Mozambique. Ses films et installations sont présentés internationalement, notamment au musée Reina Sofia, à Ashkal Alwan, à l'école de Kiev, au New Museum, au MASP et à la 17e Biennale d'Istanbul.

Olivier Hadouchi est un historien du cinéma et programmateur de films, il a soutenu une thèse de doctorat en cinéma ("Le cinéma dans les luttes de libération : genèses, initiatives pratiques et inventions formelles autour de la Tricontinentale (1966-1975)" en 2012, à l'Université de Paris 3.Il est également l'auteur de deux ouvrages : Kinji Fukasaku, un cinéaste critique dans le chaos du XXe siècle et Images of Non-Aligned and Tricontinental Struggles. Il a aussi écrit sur les cinémas du monde arabe, d'Afrique ou d'Amérique latine dans La Furia Umana, Mondes du cinéma, L'ordinaire latino-américain, Third Text ou CinémAction et dans des ouvrages collectifs. Il a présenté et animé de nombreuses séances dans des festivals ou des centres d'art en France et à l'étranger et il a conçu des programmations de films pour le BAL, Bétonsalon et le festival Bandits-mages.

Sarah Maldoror (1929-2020), née Sarah Ducados en 1929 à Candou (dans le Gers, France) est une réalisatrice, scénariste et productrice. Elle choisit le nom d'artiste "Maldoror" en hommage au poète surréaliste Lautréamont. Après des études de théâtre et la participation à la création de la première troupe noire à Paris, "les Griots", Sarah Maldoror part étudier le cinéma à Moscou. Ses premières réalisations l'emmènent vers l'Afrique, où elle tourne des films anti-colonialistes, très représentatifs du cinéma engagé des années 1970. Elle obtient dès 1969, avec Monagambée, tourné en Algérie, le prix de la meilleure réalisatrice aux Journées Cinématographiques de Carthage. Avec son premier long métrage, Des fusils pour Banta (1970), tourné en Guinée-Bissau, Sarah Maldoror prend le chemin du maquis et s'engage dans des productions difficiles, en marge des circuits officiels. Sambizanga (1972), tourné au Congo, lui vaut le Tanit d'or à Carthage.

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