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Mémoires Vives

Joachim Mogarra, Bouquet perpétuel, 1988, collection Frac Nouvelle-Aquitaine MÉCA, crédit : Frédéric Delpech.

L’exposition réunit un ensemble d’œuvres du Frac Nouvelle-Aquitaine MÉCA relatives à la notion d’archive, entendue ici dans son sens le plus large, de la mémoire à l’inventaire en passant par l’enregistrement d’un instant donné, inévitablement éphémère. L’écoulement du temps et son enregistrement sont au cœur de "Mémoires vives".

Un écran en sucre, assemblé comme des briques, prend place dans un aquarium et devient surface de projection. Une fois que le réceptacle se remplit d’eau, l’écran fond peu à peu et l’image projetée se transforme en image fantôme. La vidéo Fondu enchaîné d’Hervé Coqueret interroge la nature de l’image, son apparition et sa précarité dans une boucle infinie, tel un éternel recommencement. L’éphémère n’est donc plus par définition fugace car il demeure dans un présent continu et immédiat.

Entre catalogage et recensement, le film AGCT, filmer le plus grand nombre de visages humains de Jacques Lizène met en lumière deux notions qui s’entremêlent au sein de l’exposition : collecter et conserver. Le projet de l’artiste, énoncé dans le titre de l’œuvre, se propose d’enregistrer pendant un court instant, tous les visages humains (issus tous du code génétique A.G.C.T) existant au moment où l’œuvre a commencé à être réalisée et tous ceux qui existeront par la suite. Il est aisé de comprendre qu’un tel recensement est impossible et que l’œuvre restera à jamais inachevée.

Lois Weinberger est un artiste fortement engagé dans le questionnement des rapports de l’homme à la nature. Un lierre, plante rudérale et résiliente s’adaptant à son environnement souvent inhospitalier et modifié du fait de l’activité ou de la présence humaine, se nourrit d’un peu de terreau placé dans une liasse de journaux. Ces derniers, humidifiés au cours de l’exposition, voient l’encre des informations qu’ils contiennent s’effacer au fur et à mesure, tandis que la plante se développe. L’artiste effectue ici une belle métaphore sur les liens d’équilibre ou de rapports de force entre nature et culture, entre instantanéité (les nouvelles dites « chaudes » qui sont, par essence, obsolètes dès le lendemain de leur parution) et le cycle de la vie.

Le bouquet perpétuel de Joachim Mogarra doit son existence et sa pérennité qu’aux mains qui l’entretiennent, au cours de l’exposition. L’artiste délègue le geste artistique à la structure qui accueille l’œuvre. Le bouquet peut varier selon les saisons et l’humeur des personnes affectées à son entretien. Joachim Mogarra indique que « le geste artistique est un engagement de tous les jours, une mission et une quête dont on hérite, à laquelle on travaille, qu’on lègue. Perpétuation de l’œuvre commune, idée de solidarité et vision édénique du monde… »

« Trois mille six cents fois par heure, la Seconde chuchote : Souviens-toi ! » (Charles Baudelaire, L’horloge dans Petits poèmes en prose ou Le Spleen de Paris, 1862). Le temps qui passe est un sujet qui jalonne la littérature et l’Histoire de l’Art. Memento mori, vanités, natures mortes sont autant de représentations de cette recherche. Au lieu de générer de la nostalgie ou de la mélancolie, les œuvres présentées dans Mémoires vives se parent d’une charge poétique forte, teintée d’empathie.

Exposition du 07 octobre au 05 décembre 2021

Contact communication@cadillacsurgaronne.fr

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