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«Confidentielles»

Un titre, trois significations

Murmures, bruits de conversations, chuchotements… La confidence est un échange placé sous le sceau du secret, éphémère, hors du temps, à l’image des rencontres d’artistes provoquées dans l’exposition : dans chaque section, deux oeuvres, l’une contemporaine, l’autre plus ancienne, semblent instaurer un dialogue imprévu, spontané et confidentiel…

Outre la notion de secret, l’adjectif « confidentiel » peut également qualifier un ouvrage dont l’audience est limitée à un cercle restreint. Ce fut, parfois, le cas du travail des artistes exposées, et ce pour une raison simple, bien qu’injustifiée : ce sont toutes des femmes, qui ont pratiqué leur art du 16e siècle à nos jours. Longtemps exclues des circuits traditionnels de formation et de diffusion (écoles, Académies, lieux d’exposition, salons, marché de l’art, etc.), les artistes femmes, quel que fut leur moyen d’expression, ont peiné à faire reconnaître leurs talents. Aujourd’hui, a contrario, elles représentent la majorité des élèves inscrits dans les écoles d’art1. Mais quelle est leur place dans le monde de la création ? De Sofonisba Anguissola (1532-1625), dont le travail suscita les éloges de Giorgio Vasari et Michel-Ange, à Dominique Gonzalez-Foerster ou Tatiana Trouvé, lauréates du célèbre prix Marcel Duchamp, l’exposition propose au public de (re)découvrir ces artistes de grand talent.

Un talent qui fut souvent synonyme d’audace, comme celle dont fit preuve Hortense-Haudebourg Lescot, élève de Lethière, qui suivit ce dernier à Rome lorsqu’il fut nommé directeur de l’Académie de France, pour tenter de prétendre au même enseignement que ses homologues masculins. On touche là à la troisième signification étymologique du mot confidence : la confiance – en l’autre certes, mais aussi en soi : l’assurance et l’audace dont une personne fait preuve2. Et les femmes artistes sont audacieuses. Jusqu’à paraître « dangereuses », pour paraphraser le titre de l’ouvrage de Laure Adler et Camille Viéville3 ? Ces dernières écrivent : « Du plus loin qu’on s’en souvienne, l’histoire de l’art a été pensée, écrite, publiée, transmise par des hommes. Et quand on est née femme, être artiste, le prouver, y avoir accès, produire, montrer, continuer à le demeurer est un combat permanent ».

Confidentielles n’est pas un cours magistral sur les femmes dans l’art, mais l’occasion de porter un regard sensible sur la question, à travers la mise en résonnance d’oeuvres anciennes et actuelles. Tel un (im)précis impertinent d’histoire de l’art, elle confronte le regard explorateur d’une Henriette Desportes (1877-1951) à la démarche photographique d’Yto Barrada (1971-), questionne le symbolisme de Marie-Paul Carpentier en regard du cabinet d’analyste de Dominique Gonzalez-Foerster, compare l’autoportrait de Mathilde Arbey dans son atelier aux éléments du Bureau d’activités implicites de Tatiana Trouvé, etc. Le visiteur est invité à devenir le témoin (in)discret de ces histoires de femmes qui se rencontrent pour la première fois. Le récit de ces rencontres fera l’objet d’un travail d’écriture commandé à une auteure.

 

1 Magali Danner et Gilles Galodé, « L’insertion des femmes artistes : entre obstacles culturels et choix rationnels », Formation emploi, 104 | 2008, 37-52.
2 Felix Gaffiot, Dictionnaire étymologique de la langue française, article « confido ».
3 Laure Adler, Camille Viéville, Les femmes artistes sont dangereuses, Paris, Editions Flammarion.

Artistes : Sofonisba Anguissola, Mathilde Arbey, Farah Atassi, Yto Barrada, Katinka Bock, Ulla von Brandenburg, Jeanne Louise Brieux, Marie Paule Carpentier, Henriette Desportes, Dominique Gonzalez-Foerster, Antoinette Cécile Hortense Haudebourg-Lescot, Valérie Jouve, Thu-Van Tran et Tatiana Trouvé.

Œuvres issues de la collection du musée des beaux-arts de Libourne et de la collection du Frac Nouvelle-Aquitaine MÉCA.

Confidentielles s’inscrit dans le cadre du vingtième anniversaire du prix Marcel Duchamp. Elle présente, ainsi, les œuvres d’artistes candidates ou lauréates de ce prix renommé né à l’initiative de l’ADIAF, association pour le développement international de l’art français, et organisé avec le concours du musée national d’art moderne (Centre Georges-Pompidou).

Confidentielles fait partie du projet Vivantes !, une co-écriture, à l'initiative du Frac Nouvelle-Aquitaine MÉCA, consacrée à la place des femmes dans l’art et son histoire qui se manifeste par une programmation riche et variée d’expositions déployées sur tout le territoire régional de 2020 à 2022. L’enjeu de cette programmation à l’échelle régionale, constituée d’une multiplicité de projets, n’est pas de faire des femmes un sujet « à part » ou d’essentialiser leur relation à la production artistique, mais d’observer et d’apprécier, à leurs côtés, leur rôle dans l’histoire de l’art. Il s’agit de contribuer à un grand mouvement de questionnement sur la domination, l’égalité, les luttes historiques et actuelles d’émancipation des femmes, et les stéréotypes liés au sexe, au genre et à la sexualité dans le champ des représentations. Cette réflexion collective est l’occasion d’associer différentes personnalités ayant déjà réfléchi à la place des femmes dans l’art et son histoire, à l’occasion de séances de travail préparatoires. Cette programmation suscitera des projets commun de médiation (conférence, web-doc, colloque….).

Les partenaires associés à Vivantes ! :

Artistes : Bertille Bak, Pia Camil, Gaëlle Choisne, Larissa Fassler, Anne Garde, Suzanne Husky, Marine Julié, Karen Knorr, Géraldine Kosiak, Jo Ractliffe

Œuvres issues de la collection du Frac Nouvelle-Aquitaine MÉCA.

Femmes à l'œuvre fait partie du programme régional d'expositions Vivantes !, une co-écriture, à l'initiative du Frac Nouvelle-Aquitaine MÉCA, consacrée à la place des femmes dans l’art et son histoire qui se manifeste par une programmation riche et variée d’expositions déployées sur tout le territoire régional de 2020 à 2022. L’enjeu de cette programmation à l’échelle régionale, constituée d’une multiplicité de projets, n’est pas de faire des femmes un sujet « à part » ou d’essentialiser leur relation à la production artistique, mais d’observer et d’apprécier, à leurs côtés, leur rôle dans l’histoire de l’art. Il s’agit de contribuer à un grand mouvement de questionnement sur la domination, l’égalité, les luttes historiques et actuelles d’émancipation des femmes, et les stéréotypes liés au sexe, au genre et à la sexualité dans le champ des représentations. Cette réflexion collective est l’occasion d’associer différentes personnalités ayant déjà réfléchi à la place des femmes dans l’art et son histoire, à l’occasion de séances de travail préparatoires. Cette programmation suscitera des projets commun de médiation (conférence, web-doc, colloque….).

 

Les partenaires associés à Vivantes ! :

la Communauté de communes Causses et Vallée de la Dordogne - Salle Saint-Martin, Souillac ; le Musée des Beaux-Arts de Libourne ; la Galerie d’art contemporain/ le MI[X] à Mourenx ; l’artothèque de Trélissac ; le Préhistosite de Brassempouy ; Les Rives de l’art, Bergerac / Château de Monbazillac ; le Musée Albert-Marzelles, Marmande ; le Musée des Beaux-Arts de Bordeaux ; le Château Ducal de Cadillac - Centre des Monuments Nationaux, Cadillac ; Les Arts au mur - Artothèque de Pessac, Ville de Sarlat - Chapelle des Pénitents blancs et le Frac Nouvelle- Aquitaine MÉCA .

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